samedi 2 février 2008

Les dessous de carnaval


Derrière les plumes et les paillettes, le faste et la renommée, la face cachée du carnaval n’est pas aussi brillante que l’on pourrait croire. La samba et les écoles de samba sont à l’origine l’apanage des Noirs et du peuple. Progressivement, avec le succès, les Blancs ont pris les rênes des écoles de samba ; la stratification sociale brésilienne se retrouve dans l’organisation du défilé : au sommet des chars se trouvent généralement des personnalités blanches qui payent très cher pour y figurer et qui ne savent même pas danser (photo). Il y a un nombre décroissant de Noirs, ce ne sont qu'eux qui poussent les chars (photo). Certaines écoles font payer cher les costumes et les Noirs (en général peu fortunés) y sont exclus de ce fait. Le carnaval est une entreprise qui rapporte beaucoup d’argent.( Il crée aussi beaucoup d'emplois, 850 000 cette année, selon le journal O DIA). C’est un peu comme le foot sauf que les joueurs, eux, sont payés ; là, ce sont les gens qui payent pour défiler. Or ce côté spéculateur tue la spontanéité et la sincérité du carnaval, c’est un peu ce qui ressort de cet évènement malheureusement. C’est un attrape-touriste idéal au sommet de sa gloire. Heureusement, le carnaval populaire de rue reprend du poil de la bête. En parlant avec les gens du public (nous étions dans une tribune dite « populaire »), c’est l’indignation qui ressort le plus de leurs discours à ce sujet. En partant à 4h du matin sous une pluie battante, les gens, dans un "état second", contents, se dispersent, décostumés, ou attendent le premier service des transports en commun pour rentrer chez eux après une année de travail et 1h de défilé sous les yeux du monde entier.
Le caractère éphémère du carnaval, la joie et l’allégresse de ceux qui le portent dans leurs tripes, qui donnent tout pour ce moment de transe et grâce à qui tant d’argent tombe dans les poches des organisateurs, tout cela, ce mélange de contradiction, d’ingratitude, d’injustice, de beauté, de perfection et de folie me laisse bien songeuse. Mais devant une telle concentration de tout ce qui peut qualifier l’être humain, de bon et de mauvais, on ne peut se sentir que plus vivant !

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